jeudi 4 décembre 2014

Le mouchoir en papier - 2014

Hola hola !

Oui, vous avez bien lu "2014" ! En effet, ceci est le tout dernier texte de la série "Un mot, une histoire" que j'ai écrit il y a peu. Pour tout vous dire, l'idée m'est venue en voyant une boite de mouchoirs vide à côté de ma compagne qui se reposait. L'histoire s'est imposée d'elle même et je l'ai rédigée sur mon smartphone pendant que ma compagne dormait.

Comme quoi, il n'y a ni heure, ni lieu, ni moyen prédéfini pour l'inspiration.

En vous souhaitant bonne lecture.





Le mouchoir en papier


Bonjour, chers lecteurs. Cela faisait longtemps que l'on ne s'était pas vu n'est-ce pas. 

Aujourd'hui, je vais vous conter une histoire toute bête, qui pourrait encore arriver à n'importe qui. Oui à vous aussi... 
Et pour cause, le cas qui nous intéresse cette fois-ci est encore un homme moyen. Un monsieur tout le monde. Peu importe son identité, car elle a vite été oubliée. Mais appelons-le Georges, pour la forme. 

C'est par un beau samedi après-midi que notre ami Georges se baladait innocemment dans les rues de la grande ville. Flânant entre les boutiques, cherchant comment dépenser son salaire durement acquis. Georges avait attrapé un petit rhume. Oh, rien de méchant, ça se serait dissipé au bout d'un jour ou deux. 
Seulement, voilà, son nez commençait à couler. Il fouilla ses poches en reniflant, rien. Ses sacs, rien. Point de mouchoir salvateur. Il avait beau renifler, il ne pourrait pas retenir le flot d'évacuation nasale bien longtemps. Il regarda autour de lui, l'air penaud. Soudain, un homme s'approcha de lui. Il était très classement habillé, costume noir, cravate grise, chaussures en cuir lustré... Peut-être un homme d'affaires, ou quelque chose dans le genre, se dit l'ami Georges. L'inconnu s'arrêta devant lui, puis avec un grand sourire amical lui tendit un mouchoir en papier : 

"Tenez.". 

Georges ne put refuser évidemment, il remercia vivement le bon samaritain et se moucha enfin, aussi fort qu'il put. Lorsqu'il releva la tête, l'homme avait disparu. Content d'avoir été sauvé du drame, Georges se dit qu'il était temps de rentrer, car l'heure du souper approchait. 

Une fois chez lui, il rangea ses achats et mit les légumes fraîchement achetés à cuire pour son potage du soir, avec diverses épices et sa touche personnelle. 

"Ce sera un très bon potage, j'en suis sûr", se dit Georges.

Il se sentait un peu fatigué, rien de plus normal après un après-midi shopping dans la grande ville. Des heures de marche dans la foule bruyante. Mais plus les minutes passaient et plus la fatigue l'assaillait. 
Notre pauvre homme se sentait de plus en plus faible. 
Ses membres s'alourdirent. Sentant que quelque chose n'allait vraiment pas, il se traîna au téléphone dans l'espoir d'appeler les urgences. Il décrocha le combiné, mais aucune tonalité ne résonnait.
Il se dirigea vers l'entrée. Les voisins l'aideraient sûrement, ils étaient gentils les voisins. 

Soudain, il s'arrêta. Une silhouette se tenait devant la porte. En plissant les yeux, il reconnut ce costume tiré à quatre épingles, il s'agissait du gentil inconnu au mouchoir de l'après-midi. 
Georges vit qu'il souriait toujours, de son grand sourire plein de dents parfaitement blanches et alignées, la tête légèrement penchée. 
Mais la lueur dans ses yeux était différente... 
L'expression de ce visage, si amical quelques heures auparavant, n'avait plus rien d'avenant. 
Georges, pris de panique, voulut dire quelque chose, hurler, mais aucun son ne sortit de sa bouche.

 Ses forces le quittaient de plus en plus. Ses jambes se dérobèrent brusquement sous lui. Il sentit le parquet heurter son dos.
Le plafond était flou, puis devint noir.
Il parvint à rouvrir les yeux, légèrement. Le visage de l'homme au mouchoir se tenait juste au-dessus du sien, à quelques centimètres à peine, la même expression figée dessus.
Une vague de terreur inouïe envahit Georges.
La peur, la peur à l'état brut, ce fut son ultime sentiment.
Le noir s'installa définitivement dans le monde de l'aimable Georges qui n'avait qu'un simple petit rhume.

Les gentils voisins ne revirent jamais Georges.

Le plus triste dans l'histoire, c'est que l'on ne sut jamais si le potage que Georges avait préparé était bon.

Alors mes amis, qu'en dites-vous ? Oublierez-vous encore de prendre des mouchoirs sur vous lorsque vous sortirez ? 

Si vous n'en avez pas, je peux vous en offrir un... A vos risques et périls...




Frog





vendredi 28 novembre 2014

Réverbères - 2012

Hey folks !

Hoho voici un sacré bond dans le temps me direz-vous ! Ou pas, puisque vous ne dites rien !
Ne s'est-il rien passé entre 2008 et 2012 ? Et bien pas grand chose à vrai dire.

Des débuts de "romans" ou de longues nouvelles : "L'éveil d'une fin", "Breizh Zombies".
Je les ai un peu vite laissé en plan, mais à dire vrai, j'y réfléchis à nouveau ces temps-ci. Sur un autre, tout frais aussi, nommé "Tim, l'odyssée d'un enfant pas comme les autres", en cours de réflexion/écriture.
Avec ceux-là, j'essaye de réaliser quelque chose de plus ou moins long et de travaillé. Ce qui s'avère beaucoup plus difficile pour moi, n'ayant aucune formation littéraire.

Enfin bref, le texte qui nous intéresse aujourd'hui, je l'ai écrit pour un webzine, le bien nommé Néant Progressif. Un webzine barré à lire absolument. Ce texte est paru dans le n°5, dont le thème était...Les réverbères !

Voilà, tout est dit ! N'hésitez pas à donner votre avis, ou votre numéro de carte bancaire, cela fait toujours plaisir !





Réverbères


Un titre somme toute simple et inoffensif, n'est-il pas, Chers Lecteurs ? 

Les réverbères, ces longs tubes de métal froid, qui réchauffent quelque-peu notre esprit par les nuits les plus noires, en déversant avec plus ou moins de délicatesse leur lumière blafarde le long de notre route. Ils sont les balises salvatrices de nos nuits, qui nous guident vers un chez-soi sécuritaire. 

Depuis plus de deux cents ans, on vit avec eux, se sentant plus protégés dès que l'on baigne dans leur lumière.
Et si l'on se trompait ? L'erreur n'est-elle pas l'apanage de l'Homme ? 
À dire vrai, la naïveté aussi lui sied à merveille. 
Si ces lampadaires, qui nous dédaignent de toute leur hauteur, ne nous guidaient pas vers le salut, mais plutôt vers l'inverse ? 
Leur lumière est bien plus sombre qu'elle n'y parait... 

Laissez-moi, mes amis, vous conter une petite histoire courte, qui se résume plutôt à une fin et qui pourrait vous faire changer d'avis envers nos chers réverbères, et ainsi vous faire préférer la froide obscurité de la nuit.

Cette petite mésaventure se passe quelque part, qui pourrait être partout et nulle part à la fois... Ou bien peut être ailleurs... Une rue près de chez vous, oui... 
C'est l'histoire d'un jeune homme sans histoires, justement. Une sorte de « monsieur tout le monde », plutôt honnête de nature, sans grands défauts ni qualités extraordinaires. Il ne sort pas du lot, il entre dans le moule, se fond parfaitement dans la masse. En bref, il peut être vous, ou bien vous, et même toi là au fond, qui te caches. 
Ce jeune homme anonyme menait une vie tout ce qu'il y a de plus banale et tranquille. Pourquoi devrait-il lui arriver quoi que ce soit d'étrange ? De... De surnaturel ?

Et pourtant... 

C'est par une froide soirée hivernale que notre nouvel ami éphémère quittait son travail, comme tous les jours de la semaine. Évidemment à cette époque de l'année, le soleil est déjà couché, ou levé, tout dépend de quel côté de la sphère terrestre l'on se trouve. Il s'avère que lui se trouvait du mauvais côté. Celui où les ombres s'allongent progressivement, jusqu'à recouvrir tout le paysage et en absorber les détails. 
Comme beaucoup de villes actuellement, toutes les rues n'étaient pas éclairées la nuit, pour diverses raisons écolo-écono-sécuritaires, sur lesquelles on passera. 

À moins que... 

Que ce soit pour d'autres raisons... 

Notre camarade passait donc principalement par les rues encore illuminées, et cela, même si son itinéraire s'en trouvait quelque peu allongé, pour se sentir en sécurité dans le halo lumineux des lampadaires, comme beaucoup. Ceci dit, notez qu'il est bien plus aisé de poignarder un honnête (ou non, c'est selon) passant, sous la lumière des réverbères, où l'on voit au moins dans quoi on plante notre lame. Mais là n'est pas le sujet. 

Il arrivait donc à proximité de la rue principale, une longue rue rectiligne comme on en connaît tous, lorsque, soudainement dans un bref claquement, toutes les lumières, exceptées celles de la grande rue qu'il apercevait au loin, s'éteignirent sans crier gare (ce qui, soit dit en passant, aurait été bien plus inquiétant)!
Il se dirigea donc prestement vers la rue principale, tel un papillon de nuit, attiré par l'unique éclairage de la ville. Par chance, une fois cette avenue passée, il ne lui restait qu'une centaine de mètres après le virage du bout de la rue pour arriver chez lui. Mais pour le moment, il pénétrait seulement le boulevard. 

L'endroit était totalement désert et le silence y était oppressant. Une fois qu'il eut parcouru une trentaine de mètres, les deux premiers lampadaires qui bordaient la rue s'éteignirent en claquant. Notre homme se retourna, l'air un peu inquiet, puis reprit son chemin d'un pas rapide. 

Clac ! 

Firent les deux suivants, en noyant un peu plus la rue dans le noir. Il accéléra encore, sans se retourner. 

Clac ! 

De nouveau. Il sentit l'adrénaline monter et se mit à marcher comme il n'avait jamais marché. 

Clac !

Il décida enfin que courir pouvait s’avérer judicieux... 

Clac ! ....

Courir vite même... 

Clac ! ...........

Clac ! ........
Clac ! ...
Clac ! Clac ! 

Les claquements étaient de plus en plus rapprochés les uns des autres... Ainsi que de lui... 

Courir... 
Courir... 

Il sentait presque ses glandes surrénales vomir un flot continu d'hormones aux noms compliqués... Les ténèbres se rapprochaient encore... 

Plus vite... 

Il haletait, transpirait, mais continuait de foncer droit ! L'avenue faisait une centaine de mètres et pourtant, il lui semblait en avoir parcouru bien plus, beaucoup plus... Le virage après lequel il pourrait apercevoir sa maison paraissait s'éloigner... Malgré tout, il finit par parvenir presque au but, les claquements le talonnaient maintenant, il sentait ses oreilles vibrer à chaque réverbère s'éteignant... 

Trente mètres...
Vingt mètres…
Dix mètres...
Cinq mètres...
Un mètre ! Le virage était là !

Seulement, personne ne déboula en trombe et en nage à la sortie du virage. Personne n'était non plus dans la rue. Seuls quelques pas résonnèrent dans le vide puis, dans le silence le plus total, toutes les lumières de la ville se rallumèrent. 

Le jeune homme ne rentra jamais chez lui. Personne ne le chercha, personne ne le réclama. Quelqu'un s'en souvenait-il seulement ?

Si La Fontaine devait donner une morale à cette histoire, il dirait probablement « Rien ne sert de courir, point. » 
On fait bien souvent la distinction manichéenne entre lumière et ténèbres, ce que j'en dis, c'est que les insectes attirés, hypnotisés, par la lumière finissent bien souvent grillés ou écrasés. 

Chers Lecteurs, vous y réfléchirez peut-être à deux fois désormais, dans le choix de vos rues en sortant à la nuit tombée... 
Mais en attendant, vous pouvez éteindre la lumière et dormir à poings fermés...





Frog

jeudi 27 novembre 2014

Une bouteille à la mer - 2008

Un humide bonjour ! Humide comme le temps, mais aussi, comme cette petite nouvelle sur le thème de la mer, écrite courant 2008.
Alors enfilez vos bottes bleues et votre ciré jaune pour cette lecture en solitaire.

Coassement vôtre.


Une bouteille à la mer




« Je m'appelle Jonathan Murgal. 

J'écris ceci depuis mon voilier, le Nergal. 

J'ai entrepris il y a 14 jours de traverser l'atlantique en solitaire et je suis parti de Brest.
J'écris, car hier, 13e jour de traversée, il y a eu un orage et, bien que n'ayant pas été touché par quoi que ce soit, absolument tous les appareils électriques se trouvant à bord se sont arrêtés, à 18 h 16 à en juger par l'heure figée sur ma montre.

Cela inclut donc le GPS, la liaison internet par satellite, l'ordinateur et bien sûr, la radio, etc. Je suis ainsi désormais dans l'incapacité totale de communiquer avec le continent, mais aussi, je suis totalement invisible et aveugle la nuit. Il est par conséquent plus difficile de se repérer et de se diriger.
Mais après tout, ça fait des millénaires que l'homme navigue sans appareils alors, pour le moment, je m'en sors plutôt bien.
Je n'ai encore croisé aucun bâtiment, mais ça ne fait qu'un seul jour après tout. Je ne dois surtout pas paniquer, peut-être que tout va se remettre en marche d'ici peu. 
De toute façon, je devrais apercevoir la terre d'ici 10 à 15 jours selon les conditions... Bon, il faut que j'y retourne, naviguer à l'aveuglette, c'est un énorme boulot qui demande de l'attention.


16e jour :
Toujours aucun appareil qui fonctionne, quel qu'il soit, ni aucun bateau en vue.

20e jour :
Eh bien, je commence sérieusement à me demander si ces foutues machines repartiront. 
J'ai disséqué deux ou trois trucs, la cafetière par exemple, mais impossible de savoir où est le problème. 
Par chance, le vent souffle bien et pile dans la bonne direction, ce qui me fait maintenir une vitesse moyenne suffisamment rapide et qui devrait me permettre d'apercevoir le continent dans deux ou trois jours.

21e jour :
Bien sûr rien ne marche, mais surtout, je n'ai toujours pas aperçu d'embarcation de quelconque forme... Je sais que l'océan est vaste, mais il y a des routes maritimes, et donc, peu importe, si j'avais dérivé, ce dont je doute fortement d'après mes calculs, j'aurais vraiment dû ne serait-ce qu'en distinguer au moins une... 
Mais, peut-être que j'en ai croisé en dormant, ou en écrivant...

23e jour :

Bon, a priori je me suis trompé dans mes estimations, bien que la vitesse rapide se maintient je ne distingue pas l'Amérique, pas un caillou qui ne pointe le bout de son nez au loin.

Je viens juste de penser à un truc, je n'ai vu absolument aucun avion non plus depuis, pourtant les douze premiers jours, avant l'orage, plusieurs passaient à vue dans la journée...

28e jour :
Je... toujours rien, ni bateau, ni avion, ni continent, bien que j'avance toujours vite et dans la bonne direction ! Quelque chose cloche, c'est certain ! Obligé !

29e jour :
Heureusement que dès le 13e jour j'ai décidé de réduire de moitié mes rations, même si c'est dur. J'en avais prévu pour cinquante jours (on est jamais trop prudent hein), là ça devrait tenir encore 50-60 jours, mais je serais rentré depuis longtemps !

30e jour :
Le moral prend un sacré coup dans ce genre de situation. Je suis quelqu'un de très solide, mais là j'ai un gros coup de blues. La terre me manque, ma famille... les humains ! Je ne veux pas me mettre à parler à un ballon de foot ! De toute façon, je n’en ai même pas !

31e jour :
Quelque chose vient de me choquer, bien sûr je n'ai pas encore croisé ni bateau ni avion, mais je m'y suis fait. Ce qui vient de m'horrifier, en quelque sorte, c'est de me rendre compte que depuis 18 jours, je n'ai plus entendu AUCUN oiseau, certes ils sont rares en plein milieu de l'océan, mais là je devrais être tellement proche du continent.... Du moins largement assez pour en voir, mais rien ! Pas un cri, pas un battement d'ailes, rien.. 
Le seul bruit est celui de la houle, des clapotis des vagues sur la coque... Mais putain c'est quoi ce bordel !! 
On ne peut pas être plus seul au monde que ça ! Ni humains, ni insectes, ni animaux ! 
Je m'affaiblis de jour en jour, certes je me nourris, mais avec une demi-ration par jour, puis je ne peux pas vraiment bouger, et le moral est tellement bas qu'il commence à atteindre le physique... 

Combien de temps pourrais-je encore tenir comme ça ? Combien de temps est-ce que cela va encore durer ?! Peut importe ma direction maintenant, j'aurais du atteindre une terre, que ce soit l'Europe, Afrique, Amérique ou même les pôles !

35e... jour...
J'ai l'impression que ça fait 10 ans que je suis sur ce foutu bateau, c'était ma fierté pourtant, mais là désormais je le hais ! Toujours aussi seul, aussi mal.... il n'y a pas de stade après la désespérance dans le dico, pourtant ce stade existe, car j'y suis arrivé !

Je viens de perdre 3 jours de nourriture, les boites étaient abîmées, je n’ai pas fait gaffe et les ai retrouvées moisis ce midi... enfin..., je présume qu'il était environ midi... au soleil du moins..

36e putain de jour :
Je crois que je deviens fou ! J'ai été réveillé cette nuit, par une voix ! J'en suis certain ! J'ai entendu une voix au moins, un murmure sur le pont, mais quand j'y suis arrivé il n'y avait personne bien sûr... était-ce réel ? 
Le bateau n'avance plus ! Pas un pet de vent, nada ! Je fais du surplace... génial... de toute façon toujours ABSOLUMENT rien en vue avec les jumelles... rien... rien... RIEN !! 
J'en ai marre.... écrire ceci est ma seule activité, ma seule façon de m'évader un peu, mais...
J'en ai marre j'en ai marre j'en ai marre marre marre marre marre marre maaarre maaaaarrrrreeeee !!! 

Et de 37, youplaboum hihi
Oui je vais sérieusement craquer... encore été réveillé par DES voix cette nuit, il y a des bruits bizarres....Mais pourquoi ? Pourquoi moi !!! 
Je commence à me résigner... la seule solution est peut être.... oui peut être... j'emporterais le Nergal avec moi au fond des eaux ! Hors de question qu'il s'en sorte ce tas de planches !
Mais peut-être y a-t-il encore un espoir ! Je dois tenir oui, du moins aller jusqu'à la fin de mes vivres, ensuite...

Si jamais je meurs, personne ne saura  rien... alors, ce sont mes dernières lignes, je vais faire un grand classique, mettre ces feuilles dans une bouteille, qui sait, un jour peut être quelqu'un la trouvera... peut être même avant que je meurs et alors on viendra me chercher !!

Ou pas...

Je considère donc ceci comme ma lettre d'adieu.

Si vous avez trouvé cette bouteille et lisez ceci, je vous en prie, dites à ma famille que je les aurais aimé jusqu'au bout.

Jon.
La date ? Eh bien, je n’en ai aucune idée... »





«Hey Rob' !
–Quoi ?
– Elle est bien celle-là comme histoire, je peux la garder dis ?
– Nan abruti, détruis-moi cette bouteille et brûle cette lettre comme les autres !
– Mais ...
– Aller ! Ne discute pas ! Tu sais bien que si quelqu'un se mettait à faire des recherches dans cette zone, c'est nous qu'ils tueraient...
– Oui je sais...dommage, avec toutes les autres aussi on aurait pu faire un livre d'épouvante !
– HAHAHAHA ! »






Frog

mardi 25 novembre 2014

Ma malédiction - 2008

Bonjour bonjour ! Quoi de neuf ? Pas grand chose à priori.
Je viens aujourd'hui partager un des mes premiers plus longs textes. Peu de choses à dire, c'est toujours de l'improvisation. L'idée vient, je commence à écrire et la suite... suit.

Bonne lecture éventuelle.





Ma malédiction



J'ai été choisi pour ce métier, ou plutôt pour cette malédiction...

Cela fait bien longtemps maintenant.
J'ai cessé de compter les années depuis tant de temps.
J'ai cessé de réfléchir, de penser même, cela valait mieux... 

Mon histoire débute bien avant la vôtre. Je suis né au milieu du 17e siècle. À l'époque, les gens de mon rang se fichaient des dates exactes, seuls comptaient les saisons et les mouvements de la lune pour les semis et les récoltes. Hé oui, ce doit être difficile pour vous d'imaginer que je sois né quelques siècles avant vous, mais je vous rassure, je suis aussi mort quelques siècles avant vous. 

Bah, je dois bien vous avouer que mon enfance n'était pas spécialement triste, voici encore quelque chose qui doit vous dépasser. Comment un enfant peut-il être heureux en habitant dans une cabane en bois, sans eau courante ni électricité, sans sa télévision ni sa console, en mangeant du pain et des pommes de terre à tous les repas ? 

Et pourtant, je l'étais. 

Oh évidemment, je ne jubilais pas, mais je ne demandais rien de plus, même en voyant ces nobles et leurs beaux habits.
J'étais heureux quand j'allais simplement pêcher avec mon bambou et mon fil à cent lieues de vos cannes en carbone ultra légères de douze mètres de long. Nous nous levions à l'aube et allions travailler jusque tard. Mais, mes parents me laissaient beaucoup de temps libre, ils disaient « tu auras tout le temps de travailler le restant de ta vie, profite de ta petite enfance ». Je crois que très peu, en ce temps, pensaient ainsi.

Je les aimais, vraiment.
Et ils m'aimaient.

Telle était ma petite vie tranquille au temps de vos lointains grands-parents.

Je devais avoir dix-huit ans quand je l'ai croisée. Elle en avait quatre de moins. Oui, cela peut vous choquer, mais à cette époque pas du tout, et puis aujourd'hui au final, on voit des différences d'âge bien plus grandes. Alors pourquoi pas ? Elle était si belle, déjà à son âge, et moi si timide... Je l'ai recroisée plusieurs fois les jours suivants, toujours incapable de rompre mon silence quand elle me fixait avec son si joli sourire en passant. 

Puis, un dimanche, mon seul jour de repos, je pêchais tranquillement dans la petite rivière non loin de notre maison. Elle passa là en rentrant chez elle et décida de se poser sur le bord en face de moi. Je devais être rouge comme jamais. J'évitais son regard, j'évitais de la fixer bêtement, mais elle me fixait, toujours avec son sourire à réveiller les morts.
C'est elle qui rompit se long et bête silence de plusieurs minutes en disant simplement : « Ça mord ? ». Je sursautai stupidement, mon pied perdit son appui et je m'étalai de tout mon long dans la rivière, qui ne faisait qu'une cinquantaine de centimètres de profondeur. Je relevai la tête, toujours dans la rivière, elle me regardait, un grand sourire illuminant son merveilleux visage, et je réussis enfin à dire quelque chose. Peut-être parce que je ne pouvais pas avoir l'air plus bête que là, étalé dans l'eau froide, et je dis : « oui ça peut aller » en souriant bêtement.

Elle éclata de rire, et moi aussi, un long fou rire, qui ne fut que le premier.

Deux ans, oui, deux années auprès d'elle, la fille la plus belle et douce qu'il soit. Deux années durant lesquelles j'étais sans aucun doute l'homme le plus heureux de cette terre. 

Je l'aimais tant.
Elle m'aimait tant.
Nous nous aimions, et adorions plus que tout au monde.

Elle était ce que j'avais de plus précieux. 

Nous avions déjà prévu de nous marier deux mois après ses 16 ans et de nous installer dans une petite maison sur les terres de mon père. 

Tout était si beau.

Je crois que c'est elle qui faisait ça, elle avait un pouvoir magique, je pense, car elle rendait tout beau autour d'elle. Tout devenait plaisant, même la messe du dimanche ne m'ennuyait plus à mourir, Sûrement parce que je ne regardais qu'elle et ne pensais qu'à notre vie future, nos enfants, notre bonheur. Aussi, elle avait la capacité de faire sourire, de faire s'arrêter de pleurer, et de rendre joyeux n'importe qui, juste en lui souriant. Tel était son pouvoir.

Puis vint ce jour. 

Je m'en souviens parfaitement. C'est un des rares souvenirs que je suis incapable d'occulter…
Ce mardi, un peu avant midi, quelques soldats vinrent au village, chose plutôt rare. 

Ils venaient chez nous… 

Le souverain de notre région avait décidé d'exercer son droit de cuissage ! Avec ma douce ! Nous ne pouvions pas nous y attendre, car il n'avait rien à faire des paysans et ne semblait plus vouloir jouir de ce droit depuis quelques années.
Mais alors pourquoi ? Comment ? Bien sûr, je ne les laissai pas faire, mais je n'étais pas de taille face à une dizaine de soldats.
Ils partirent avec ma princesse qui pleurait et hurlait, les suppliant de la laisser, me suppliant de la sauver…

Elle qui était si douce et pure…

Sa besogne finie, son bourreau me la renvoya, cinq jours après. Les cinq plus longs jours de ma vie. Plus longs que les siècles qui nous séparent… Elle revint.

Son sourire envolé.
Ses yeux éteints…

Elle refusait que je la prenne simplement dans mes bras, traumatisée, marquée, se sentant si sale…

Déshonorée… 
Et… Puis… 
Treize jours après son retour, elle mit fin à son calvaire…

Je travaillais aux champs, quand je sentis mon cœur s'arrêter l'espace des quelques secondes… Je savais qu'il lui était arrivé quelque chose et je courus plus vite que jamais je n'avais jamais couru auparavant. Même après dix heures à labourer. Mais, arrivé à notre maison, il était trop tard. 

Son cœur à elle s'était arrêté définitivement… 

À partir ce cette seconde, je sombrai dans le mutisme le plus total. 

Elle était mon joyau, mon trésor, ma princesse, ma vie… 
Et pourtant, elle s'était éteinte… 

Tout ça pour le plaisir d'un vieux crasseux, qui mange sa soupe avec une cuillère en argent. Je n'avais plus qu'une idée en tête, laver son honneur. Peu importait le moyen. Je luttais chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde, pour ne pas mettre fin à mes jours, dans l'espoir de la rejoindre. Pas tout de suite.

Un voisin, fermier, pauvre comme nous, avait étrangement reçu une bonne somme d'argent pour « service rendu ». Il avait auparavant essuyé plusieurs refus de ma douce face à ses avances. Et là, je compris, oui je compris comment ce pouilleux avait rendu service. Comment le bourreau de ma bien-aimée avait eu vent de sa beauté, de son innocence et de notre mariage…

Le feu douloureux qui me consumait chaque jour depuis sa mort se transforma en brasier de haine et de colère. Envers cet homme qui n'en méritait pas l'appellation, ou peut être qui en était justement le digne représentant. 

Et, cette nuit-là, je me suis relevé. 

Je crois que c'est la colère qui contrôlait mon corps, car je ne me souviens pas avoir pris ce hachoir dans le tiroir, ni avoir marché jusqu'à la maison de ce fermier nouvellement aisé. Je me revois seulement devant son cadavre, égorgé, étripé et écorché, sur le sol, baignant dans une marrée rouge et visqueuse, auprès des cadavres tous aussi mutilés de sa femme et de son fils de l'âge de ma belle. 

J'avais juste épargné son plus jeune fils, d'environs quatre années. Je voulais qu'il vive vieux. Qu'il vive avec cette vision gravée dans son esprit. Qu'il porte durant sa vie entière le fardeau laissé par son effroyable géniteur. 

Ensuite, je me souviens à peine d'avoir été jusqu'au château. M'y infiltrer fut ridiculement facile. Peut-être que le sang qui me recouvrait depuis quelques heures faisait office camouflage dans la nuit… 
Je suis arrivé jusqu'à la chambre du souverain sans encombre. En le voyant, ronflant dans son lit, entouré de deux femmes aussi grasses et dégoûtantes que lui, je ne pus m'empêcher de sourire, devant cet être si pitoyable.

Le sang gicla. 

Ils n'eurent pas le temps de crier. Je leur avais tranché la gorge avant qu'ils ne le sentent. Enfin, si, ils criaient, mais ce n'était qu'un râle guttural que personne n'entendrait en dehors de cette pièce. Une marrée rougeâtre envahi le tapis qui valait certainement plus cher que mes terres. Un mélange de sang, de graisse et d'entrailles qui me fit vomir. 
Je quittai le château aussi facilement que j'y étais entré.

Un orage grondait dehors.

Je n'avais jamais été un mauvais garçon, toujours droit, jamais volé, très peu menti, et jamais à ma belle, très peu de mots de travers. J'allais à l'église comme tout le monde. Je travaillais… Oui, j'étais un bon gars, comme disait mon père, si fier de moi. 
Un gars bien. Jusqu'à cette nuit.

Je ne suis pas sorti de mon lit ni ne me suis lavé durant deux jours. Je ne pouvais pas vivre, pas avec ça sur la conscience, et surtout sans elle…
Le troisième jour, je me levai et lavai enfin puis me dirigeai vers la chapelle, sous un orage étonnant de colère. 

Des trombes d'eau tombaient du ciel dans un vacarme assourdissant. 

À la chapelle, il n'y avait personne, tant mieux. Je tombai à genoux, trempé, en pleurs devant cette statue d'un homme que nous devions vénérer tel un dieu, tel LE Dieu… 
Je suppliai le pardon et surtout la fin de mon tourment. Clamant être prêt à tout pour l'obtenir, et pour la revoir, rien qu'une fois… Mais, évidemment, la statue ne pipa mot, ce n'était qu'une statue, après tout, et malgré les pleures, je, ris devant ma stupidité. 

J'étais pitoyable. 

Je repartis en direction de ma maison, mais n'y arrivai jamais.
Je crois que j'ai été frappé par la foudre. Je me souviens uniquement d'une voix profonde résonante dans ma tête et de moi répondant « j'accepte ».

Et me voilà aujourd'hui, toujours là. Vous ne me voyez pas, pourtant, vous m'avez tous déjà croisé. Je me téléporte aux quatre coins du monde. Je ne suis pas le seul, nous sommes des dizaines, peut-être des centaines, de maudits… 
On m'ordonne chaque seconde une tâche différente. Un accident, une jeune femme, un junky, un bébé, un vieux monsieur… Je travaille vingt-quatre heures par jour, tous les jours, depuis cet orage durant lequel j'ai trouvé la mort. Je porte le même habit depuis ces siècles.

Je ne mange plus, ne dors plus, ne bois plus, ne vis plus… 

Mon métier ?
Ma malédiction ?
Mon nom ? 
C'est simple, appelez-moi Ankou.



Frog

vendredi 21 novembre 2014

La forêt de l'infini - 2007

Salut l'e-peuple !
Aujourd'hui, un très court écrit dans la catégorie "Un mot, une histoire". Cette fois il s'agissait d'une forêt.

J'espère que vous apprécierez.



La forêt de l'infini


Bonsoir, et bienvenus chers lecteurs. 
Êtes-vous bien installés auprès d'un feu de camp ? Peut-être même, êtes-vous dans une clairière, ou une forêt ? Si tel est le cas, surtout, vérifiez bien que vous entendez les bruits de la nuit et de la forêt... Laissez-moi vous expliquer pourquoi à travers une brève histoire.

Il était une fois, une gentille petite famille, qui décida un beau dimanche d'aller faire un tour dans un bois de la région. En entrant dans la forêt, ils se rendirent vaguement compte qu'il n'y avait pas un bruit. 

Ni le vent dans les arbres, ni les piaillements des oiseaux, ni les vrombissements des insectes, rien.

Mais, cela ne les interpella pas plus que ça. 
Ils marchèrent deux bonnes heures, sans faire attention qu'on entendait toujours aucun bruit, excepté celui de leurs pas. Voyant qu'au bout de plusieurs heures ils n'étaient toujours pas arrivés de l'autre cote de ce "petit" bois comme ça aurait du être le cas, ils décidèrent de faire demi-tour.

 Ils ne rentrèrent jamais chez eux. 

Toutes les recherches, y compris par hélicoptère, même avec les brigades canines, ne donnèrent rien. 
Bien d'autres promeneurs ont disparu dans cette forêt et n'ont jamais été retrouvés non plus. 
On en conclut qu'un tueur en série sévissait peut-être dans ce bois. L'accès y fut proscrit, mais très régulièrement les barrières et panneaux d'interdictions disparurent.

En vérité, je vous le dis, la petite famille de promeneurs du dimanche se trouve toujours dans cette forêt, courant à la recherche d'une sortie, pour l'éternité. 
On raconte qu'une fillette fut abandonnée et mourut seule ici, et que son esprit habiterait toujours cette forêt. Elle emprisonnerait les gens dans le bois afin de ne plus jamais être seule. 

Alors, dès que vous mettez un pied dans une forêt et que vous n'entendez pas un bruit, faites vite demi-tour, tant qu'il est encore temps, si vous ne voulez pas errer pour l'éternité, servant de compagnie et de jouet à un fantôme.


Frog

jeudi 20 novembre 2014

L'omelette aux lardons - 2007

Bien le bonjour !
Aujourd'hui, je vous présente un petit concept d'improvisation qui m'est venu à l'époque. 
Je me suis dit : "tiens, si j'essayais de voir s'il est possible d'improviser une histoire avec n'importe quoi ?". J'ai pris le premier truc qui me soit venu à l'esprit et ce fut une omelette (ne me demandez pas comment ni pourquoi). Et paf! Ça fait des CHOCAPIC® ! Ou le texte-ci dessous.

Bref, j'ai appelé ça "Un mot, une histoire". J'inscris aussi le texte de L'ombre de la mort dans ce concept, sur le mot ombre.

Voili voilou, vous pouvez évidemment vous essayer à ce petit jeu ! Ça ne mange pas de pain, ni d'omelette.

Coassement vôtre.




L'omelette aux lardons


Bonjour, chers lecteurs.
Aujourd'hui, nous allons parler cuisine, plus précisément d'omelette aux lardons.
Rien de bien méchant me direz-vous, mais laissez moi vous conter une petite histoire.

Cela se passe il y a longtemps dans le sud de la France. Une petite auberge totalement isolée du reste du pays. La ville la plus proche est à un quart d'heure de voiture. Pas d'électricité évidemment, ni d'eau courante. Un petit bâtiment délabré au point que, lorsque l'on passe devant, on ne peut que croire qu'il est abandonné. Seulement, ce n'est pas le cas. Un soir, un vagabond qui passait par là, mourant de faim, décida de s'y arrêter afin de prendre un bon repas. 

Il pénétra dans la vieille bicoque et commanda le plat du soir. Potage de légumes fait maison, accompagné de pain. Simple mais efficace en cette saison. Il semblait n'y avoir qu'un ou deux clients. Notre homme savoura son repas et en recommanda. Après environ trois petites heures, il voulut partir discrètement sans payer.

L'aubergiste le vit et l'interpella avant qu'il ne puisse s'échapper.

« Holaa ! Où allez-vous donc ainsi sans payer, jeune homme ?
– C'est que je suis sans le sou... Répondit le vagabond, l'air penaud et désespéré. L'aubergiste réfléchit quelques secondes.
– Ce n'est pas bien grave, mon bon Monsieur. Nous vous offrons le repas ainsi qu'une nuit dans une de nos chambres.» 

Devant tant de bonté, l'homme, qui ne savait où dormir cette nuit, ne put qu'accepter. 

Le lendemain, on ne revit pas le vagabond, il aurait décidé de partir en pleine nuit aux dires des aubergistes. Et pour la première fois dans cette petite auberge, on eut le droit à une omelette aux lardons, qui fut très appréciée. Aujourd'hui, cette auberge est connue pour son hospitalité et sa succulente omelette aux lardons.
Alors si un jour, vous vous trouvez dans une petite auberge à manger une délicieuse omelette aux lardons et que, lorsque vous demandez ce qui lui donne un goût si particulier, on vous réponde : « C'est un vieux secret de famille », mieux vaut payer la note et partir sans demander votre reste.



Frog

mardi 18 novembre 2014

Diclonius Mcfarlane - 2007

Bien le bonjour passagers éphémères ! 
Aujourd'hui un nouveau texte, enfin, façon de parler ! 
Aussi improvisé durant un examen de micro économie. La petite histoire qui suit avait pour but de créer un background à l'un de mes personnages principaux, un derviche, sur le jeu Guild Wars, auquel je jouais à l'époque. Ah, que de souvenirs mêlés de nostalgie !



Diclonius Mcfarlane


Né par un bel après-midi d'été, dans la demeure Mcfarlane, au sein du petit village de Raïto, situé au cœur de la contrée d'Ascalon, il fut nommé Jin Mcfarlane. 
Trois ans plus tard la guerre contre le peuple Charr avait éclaté. C'est durant l'hiver, qu'un contingent Charr attaqua son paisible village. La grande majorité des paysans fut massacrée, les maisons pillées puis brûlées. Ces viles créatures firent captif le petit Jin, ainsi que plusieurs autres nourrissons. Lorsqu'ils repartirent, il ne subsistait que mort, cendres et désolation.

Quatre mois plus tard, eut lieu La Grande Fournaise, qui fit de la verdoyante contrée ascalonienne ruines et désolation. Mais, certains charrs ne voulurent pas s'arrêter là et se mirent en tête de conquérir Elona, magnifique continent situé aux latitudes sud, là ou la neige n'existe pas. Ils furent très vite stoppés par l'armée des Lanciers du Soleil.

Un petit groupe, d'une dizaine de charrs s'était réfugié dans un bosquet, dans les plaines de Jarin, au royaume d'Isatan. La nuit tombée, ils décidèrent d'exécuter leurs esclaves humains, devenus un fardeau, et parmi eux, le petit Jin alors âgé de quatre printemps. Mais soudainement, alors qu'un grand charr tigré levait un cimeterre pour abattre l'enfant, une ombre se dessina parmi les troncs. Quelque chose scintilla dans l'obscurité. C'était une superbe faux, tenu par l'ombre qui sortit de l'obscurité. Elle se tenait là, dans sa magnifique robe décorée, couleur noire, le visage à moitié caché par sa capuche, telle la mort. Le feu de camp des charrs créant des reflets flamboyants sur l'être et sa faux.

Ce fut le premier derviche que rencontra Jin.

Brusquement, l'ombre se lança sur les charrs, aussi vif qu'une flèche et agile qu'un félin. Elle massacra la dizaine d'ennemis sans rencontrer une quelconque résistance, dans un déluge de sang et de lumière.
Le bruit du combat alerta un autre groupe de bêtes qui se trouvait non loin de là. Cette fois, ils étaient une cinquantaine. Là, le derviche s'arrêta, il regarda Jin puis lui fit un petit sourire provocateur, semblant dire "Eh, c'est tout ce qu'ils ont ? ", et, dans une lumière vive, mais agréable, il se transforma. Jin avait alors devant lui un guerrier qui lui semblait d'une hauteur infinie, une sublime armure rayonnante dans la pénombre et un regard de lave.

Cette vision resterait gravée à tout jamais dans son esprit.

Le guerrier à la faux se jeta en un éclair parmi les cinquante ennemis. Les coups qu'il recevait semblaient ne pas l'atteindre, et il les rendait au centuple. En seulement deux minutes il réduisit en pièces ces maudits charrs, puis tout d'un coup, dans un éclat de lumière et de fumée, il redevint le derviche du début, mais pas moins impressionnant pour autant. Il finit les cinq ou six charrs restants d'un geste.

Son nom était Eaots. 

Après mûre réflexion (et aussi parce qu'il n'arrivait pas à le décrocher de sa robe), Eatos décida de recueillir le petit Jin et de l'élever comme le fils qu'il n'avait jamais eu. De plus, il sentait une aura étrange s'émanant de l'enfant, celle des derviches. Les autres enfants furent adoptés par des familles Istaniennes.

Dès lors, Eatos commença à lui apprendre petit à petit les secrets des derviches, experts au combat rapproché, intelligents et dotés de pouvoirs insoupçonnés, pouvant les rendre latéralement invincibles. 
À l'âge de seize ans, Jin possédait déjà une excellente maîtrise de la faux, arme de prédilection des derviches. C'est aussi cette année-là que ses premiers pouvoirs se révélèrent. 
À dix-huit ans, il eut un choix à faire : garder son prénom de naissance, ou bien, choisir un pseudonyme, comme tout bon derviche. Il décida alors de se faire appeler Diclonius, mais jamais il ne se séparerait de son pendentif d'obsidienne, sur lequel était gravée l'inscription "Jin Mcfarlane".
À vingt ans, il put acquérir le rang de Lancier du Soleil, tout en étant derviche.

Ce fut à partir de ce moment que commença une longue et périlleuse odyssée, parsemée de rencontres inoubliables, de quêtes extraordinaires, afin de vaincre Abaddon et d'empêcher la destruction du monde connu. 

Les charrs attendraient simplement leur tour...

Mais tout ceci est une autre histoire.


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